Récit : quand la Macronie s’enfonce dans l’abîme

Récit : quand la Macronie s’enfonce dans l’abîme

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Billet d’humeur | Chronique d’un naufrage

Au cours de l’été 2018, le navire Macronie a rencontré un obstacle imprévu, qui a gravement endommagé sa structure. Récit au jour le jour d’un naufrage annoncé, qui pourrait bien être l’une des catastrophes politiques majeures de ce début de XXIème siècle.

 

1er mai : Des incidents violents éclatent à Paris, en marge d’une manifestation. Plusieurs individus non identifiés agressent des manifestants. L’iceberg est repéré, l’alerte est donnée et remonte le jour même au poste de commandement de l’Elysée, qui n’en tient pas compte.

18 juillet : Faute de prudence, le navire percute l’iceberg. Le journal Le Monde révèle que les agresseurs du 1er mai sont en fait des collaborateurs de l’Elysée, dont l’adjoint au Chef de Cabinet de la Présidence. Début de l’« Affaire Benalla ».

19-20 juillet : De sérieuses voies d’eau apparaissent dans le navire Macronie. Le porte-parole annonce benoîtement que la situation est sous contrôle. Des procédures judiciaires et disciplinaires sont ouvertes ; des commissions d’enquête à l’Assemblée nationale et au Sénat sont instituées.

22 juillet : Face à la panique qui gagne les troupes du Macronie, Jupiter est obligé de faire un strict rappel à l’ordre, afin que chacun reste à son poste. Il assume fièrement son rôle de chef de bord : « S’ils veulent un coupable, qu’ils viennent me chercher ».

 

Dans les jours suivants : Auditions contradictoires de divers responsables du navire. Depuis le 1er mai, tout le monde savait et personne n’a rien fait.

1er août : Sous la pression de Jupiter, la commission d’enquête indépendante de l’Assemblée nationale se saborde. Celle du Sénat poursuit son travail d’investigation. La réforme constitutionnelle est enterrée.

 

Durant la trêve estivale, les failles dans la coque du navire continuent de s’aggraver, le Macronie tangue, les problèmes se multiplient de toute part (ParcourSup, prélèvement à la source, popularité…).

28 août : Catastrophe supplémentaire, une partie du navire se détache. Nicolas Hulot, Ministre d’Etat, Ministre de l’Ecologie, annonce sa démission.

4 septembre : Jupiter tente de combler les fissures. François de Rugy, Président de l’Assemblée nationale qui n’a pas été capable de tenir les troupes en juillet, est exfiltré et nommé Ministre de l’Ecologie. Le fidèle Richard Ferrand prend sa place.

18 septembre / 2 octobre : Gérard Collomb, Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, annonce qu’il veut quitter le navire… Impossible d’empêcher qui veut de prendre un canot de sauvetage. La confusion reste totale, le Macronie s’enfonce lentement dans l’abîme…

A ces épisodes dramatiques s’ajoutent les interventions chaotiques de Jupiter, qui inquiètent son équipe : « Les Bretons, c’est la mafia française » (26 juin) ; « les Gaulois sont réfractaires au changement » (29 août) ; « je traverse la rue, je vous trouve un emploi ! » (17 septembre)… Y a-t-il encore sérieusement un pilote aux commandes ?

A l’heure où nous imprimons, nous ne savons pas si le navire a définitivement coulé. Selon  nos dernières informations, l’orchestre du Macronie jouait toujours un concerto de pipeau.

 

[ Billet d’humeur – Magazine Dialogues n°93 – octobre 2018 ]

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