Valérie Pécresse : « Il faut mettre fin à l’overdose fiscale »

Valérie Pécresse : « Il faut mettre fin à l’overdose fiscale »

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Pour Dialogues, l’ancienne ministre Valérie PÉCRESSE revient sur les élections municipales, le remaniement et le pacte de responsabilité : « le compte n’y est pas et les économies invoquées ne sont que des vœux pieux, pour l’instant ».

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  • 165 villes ont été conquises par l’opposition lors des élections municipales. Quel bilan tirez-vous de ce scrutin ?

Valérie Pécresse : Ces élections municipales constituent un cinglant désaveu pour François HOLLANDE. Les Français ont exprimé leur rejet de la politique menée par le gouvernement depuis deux ans et cela a conduit à des résultats historiques. Je pense aux victoires, dès le premier tour, de Jean-Didier BERGER à Clamart, ou du jeune Robin REDA à Juvisy-sur-Orge. Je pense aussi à la prise de Bobigny, de Saint-Ouen ou de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, sans oublier le basculement à droite de Conflans-Sainte-Honorine, la ville de Jean-Paul HUCHON. Ces résultats, c’est aussi la victoire de nouvelles équipes qui incarnent le visage de la droite et du centre de demain. Ce sont des candidats qui ont misé sur la proximité et ont fait un travail de fond qui ont été récompensés. Avec ces municipales, nous avons franchi la première étape sur le chemin de l’alternance.

  • Quel regard portez-sur le récent remaniement gouvernemental ?

V.P. : J’ai plus eu le sentiment d’assister à une opération de communication qu’à une inflexion de la politique menée. François HOLLANDE nous parle de « gouvernement de combat » mais la réalité, c’est qu’il n’a pas entendu le message que lui ont adressé les Français aux élections municipales. Les électeurs n’attendent pas un casting mais une autre ligne politique, un projet, des réformes profondes surmonter la crise et préparer l’avenir. Or, que voyons-nous ? Un nouveau gouvernement qui, pour l’essentiel, est composé des mêmes ministres que le gouvernement précédent, et l’annonce d’un Pacte qui ne contient pas les mesures économiques permettant de redresser durablement la France. Pourtant, il est urgent de s’atteler à desserrer l’étau fiscal, à rendre leur compétitivité à nos entreprises.

  • En tant qu’ancienne ministre du Budget, pensez-vous que le Pacte de responsabilité aille dans le bon sens ?

V.P. : Le plan de 50 milliards d’euros d’économies proposé par Manuel VALLS n’est qu’un leurre. Le compte n’y est pas et les économies invoquées ne sont que des vœux pieux pour l’instant. Car le plan ne comporte pas les réformes structurelles qui seules permettraient de faire mieux en dépensant moins. Les Français attendent des mesures concrètes en faveur de la baisse du chômage et des impôts, de la relance de la croissance et du pouvoir d’achat.

  • Quelles solutions préconiseriez-vous pour retrouver la croissance ?

V.P. : Les moteurs de la croissance sont à l’arrêt en France. Pour relancer l’économie, il faut recréer les conditions de la confiance pour que les entreprises investissent et embauchent, et que les Français consomment. Il est donc primordial de mettre fin à l’overdose et à l’instabilité fiscales qui asphyxient la croissance. C’est pour cela que j’ai proposé il y a quelque mois une règle d’or en matière d’impôts, consistant à ne pas changer les règles de la fiscalité plus d’une fois en cinq ans. De plus, il est nécessaire de simplifier les règles administratives qui s’appliquent au sein des entreprises, celles du droit du travail et de supprimer les 35 heures qui nuisent à notre compétitivité. Je suis favorable à la suppression d’un niveau d’administration territoriale avec la fusion département/région.

  • André Santini répète souvent que « la région ne nous transporte pas, elle nous roule ». Quelles mesures devraient être prises rapidement pour moderniser les transports en commun en Ile-de-France ?

V.P. : Depuis 10 ans, Jean-Paul HUCHON et la gauche dirigent les transports en Ile-de-France. Bilan : chaque jour, les Franciliens subissent des retards et doivent faire face à des trains supprimés. Ils sont au bord de la crise de nerfs. Face à la situation de sous-investissement chronique que je dénonce depuis de nombreuses années, je propose que le conseil régional cesse de gaspiller l’argent public et investisse massivement en faveur des transports en commun. Il faut réaliser au plus vite les nouvelles lignes du réseau ferré du Grand Paris, rénover les lignes et les trains existants, et doubler l’offre du « Plan bus » en grande couronne. Il faut renforcer les objectifs en matière de ponctualité, de confort, de fiabilité, de propreté. C’est pourquoi j’ai proposé un plan Orsec pour les transports franciliens, destiné à acheter de nouvelles rames de train et à rénover les infrastructures vieillissantes. Avec tous les moyens dont la région dispose, elle pourrait faire beaucoup plus. A condition de ne pas gaspiller ses moyens et saupoudrer ses crédits sur toutes sortes de dépenses non prioritaires.

  • Enfin, si vous deviez définir André Santini en trois mots…

V.P. : Solidité : André SANTINI a démontré, tout au long de sa carrière, sa capacité à développer un territoire et à faire dialoguer ensemble les collectivités et leurs élus, quelle que soit leur couleur politique. Fidélité : nous ne sommes pas issus du même parti politique mais nous avons toujours travaillé ensemble en bonne intelligence et en toute amitié. Et bien sur l’humour : pour les blagues corses que nous aimons échanger (ma mère est d’origine corse) et pour son sens inégalé de la répartie.

Interview extraite du numéro 84 du magazine Dialogues.

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