Billet coup de gueule : « L’art de la nouvelle politique »

Billet coup de gueule : « L’art de la nouvelle politique »

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Billet « coup de gueule » d’André Santini publié dans le magazine AUDIENCE du cabinet ADEKWA Avocats.



Nicolas de CHAMFORT a eu un jour cette maxime prophétique : « La meilleure philosophie, relativement au monde, est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l’indulgence du mépris »

C’est cette indulgence du mépris que je me plais à observer scrupuleusement vis-à-vis du nouveau monde aseptisé qui nous guette, qui s’installe et qui nous a déjà pris beaucoup.

J’ai commencé ma carrière politique à une époque où l’on parlait encore de talentueux stratèges triomphant devant le pupitre et en coulisses, fomentant quelques coups bas quand le besoin s’en faisait sentir, supplantés dorénavant par la bassesse de la politique.

Cette politique 2.0, celle des geignards et des couards, des communicants équilibristes sur le fil de leur dernier tweet à la recherche du dernier hashtag le plus tendance, bien loin de la réalité du pays et de nos concitoyens : voilà le sort qui nous a été réservé. Aurait-on pourfendu le clientélisme pour que des communicants nous gouvernent ?

L’on a maintes fois disserté sur l’art de la politique, au même titre que le roman kundérien ou la guerre du grand général chinois Sun TZU. Mais de cet art, que reste-t-il quand on en a ôté le verbe qui conduit l’action, quand on en a balayé la rhétorique animée par la passion de ses convictions ? Ce nouveau monde s’en affranchit, mais nous sommes-nous jamais demandé s’il était conforme à celui que nous souhaitions découvrir ?

Il donne la part belle aux déracinés, aux technocrates qui pensent pouvoir régenter les territoires sans même les avoir jamais connus, aux astres et lubies de la communication hasardeuse qui s’agitent loin de la terre et de ses réalités. Quel autre constat pourrions-nous faire lorsque nous voyons cette vague inédite de démissions chez les maires de France ?

Cette vague qui monte, elle porte un nom, celui du ras-le-bol généralisé des territoires. Usés, marginalisés, déconsidérés, le malaise des premiers magistrats des villes de France s’est amplifié encore davantage. Rendez-vous compte, ce sont plus de 1021 édiles qui ont rentré l’épée au fourreau et démissionné !

Ce sont des premiers de corvée, qui n’ont pour ruissellement jusqu’à eux que les coupures budgétaires les enjoignant à réussir l’impossible équilibre du toujours mieux avec moins. N’assistons pas à la mort du cygne les bras ballants sans réagir, bien qu’il n’y ait que peu à attendre d’un Etat qui trahit l’exigence constitutionnelle de décentralisation.

Je vous le dis, mes chers amis, ce monde nouveau agit avec nos territoires comme un jardinier rempoterait une plante sans en changer la terre. Si nous les laissons dépérir, c’est tout l’oxygène de l’initiative locale et son autonomie, vecteurs de progrès et de mieux-vivre, qui disparaitront, au détriment, une nouvelle fois, des citoyens.

 

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