Tribune : l’eau potable, un enjeu plus vital que jamais

Tribune : l’eau potable, un enjeu plus vital que jamais

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A l’occasion de la tenue du Forum mondial de Dakar et de la Journée mondiale de l’eau, André Santini, président du Syndicat des Eaux d’Ile-de-France et Christian Cambon, sénateur et président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, plaident pour faire de l’accès à l’eau potable une priorité. Partout dans le monde, c’est un facteur de développement et de paix.

Faire de l’accès à l’eau potable un facteur de paix est plus que jamais un défi. La triste actualité internationale le montre : les coupures d’eau potable ou les destructions de ses canaux d’acheminement dans les pays en guerre sont des armes redoutables. Il suffit de quelques heures pour que ces restrictions aient pour effet de faire fuir les populations, voire de les soumettre. Le conflit russo-ukrainien en est la preuve la plus récente, la plus médiatisée, la plus dénoncée. Mais, hélas, ces drames au cœur desquels l’accès à l’eau potable joue un rôle majeur, ne sont pas des cas isolés, ni des moments transitoires.

Même dans les zones pacifiées, l’accès à l’eau potable est un enjeu pour de très nombreux pays, en Afrique – où se tient cette semaine le Forum mondial de l’eau, mais aussi en Amérique Latine, en Asie et, ne l’oublions pas, au cœur même de notre riche Europe. Dans ce cadre, le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France, en tant que plus grande autorité organisatrice de l’eau potable de France et l’une des plus importantes d’Europe, se devait de jouer le rôle qui lui revient. C’est l’objet de sa présence à Dakar du 21 au 26 mars, mais plus largement, cet accès de tous à l’eau potable est l’objectif qui a guidé son engagement en matière de solidarité depuis 1986. Nous le redirons lors de nos prises de parole au moment de cette rencontre internationale majeure, avec une fois encore l’ambition de rallier d’autres acteurs publics de l’eau à cette grande cause, afin de donner encore plus de poids à nos actions.

Déjà le SEDIF, par l ’intermédiaire du soutien financier apporté à 280 projets d’ONG en Afrique, à Madagascar ou en Haïti vient en aide à plus de 5 millions de personnes en leur procurant un accès à de l’eau potable. Chaque année, il verse 2,4 millions d’euros au soutien d’actions pérennes, en coopération avec les collectivités partenaires, telles que le pompage solaire au Niger, le financement de réseaux d’acheminement au Mali, la création de réservoirs à Madagascar.

Mais il faut aller plus loin, et nous invitons nos partenaires acteurs de l’eau potable en France et en Europe à accompagner notre engagement. Faut-il rappeler que l’accès à l’eau à boire est la condition fondatrice du développement humain, de la sédentarisation et du développement économique ? Un accès à l’eau sur un territoire, c’est l’éradication des maladies hydriques, ce sont des enfants qui retournent à l’école, des femmes qui développent la culture maraichère, des populations qui relancent le commerce, des flux migratoires qui se réduisent !

Cette action collective et partenariale que nous encourageons depuis l’instauration de la loi Oudin-Santini, nous voulons plus que jamais en faire une réalité. Ce sera l’un des points que nous défendrons cette semaine à Dakar, devant tous les opérateurs de l’eau rassemblés.

Mais n’oublions pas que les difficultés de l’accès à l’eau sont aussi, malheureusement, une réalité sur notre propre territoire. Les plus démunis, les personnes affectées par les difficultés économiques, ou sans domicile fixe sont trop souvent touchés par ces réalités ; elles n’affectent pas seulement les pays les moins développés de la planète.

Si, au SEDIF, nous nous réjouissons que le législateur ait voulu interdire les coupures d’eau potable en France, il n’en reste pas moins nécessaire d’aller plus loin. C’est l’objet de la politique de solidarité et d’allègement des factures que nous avons déployée depuis des années. Ainsi au niveau local, 110 000 foyers ont été aidés depuis 2011 et chaque année 2,5 millions d’euros (soit 1% des recettes) sont alloués au dispositif de prévention – assistance – urgence du programme Eau Solidaire que nous avons instauré. Les deux années de pandémie que nous venons de vivre et la situation internationale extrêmement tendue qui nous menace aujourd’hui auront précipité de nombreuses populations dans la précarité. On aurait espéré mieux en ce début de XXIème siècle ; mais pour les acteurs de l’eau potable, ce doit être une occasion renouvelée d’agir collectivement pour la construction d’un monde meilleur.

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