Défi sécuritaire : agissons avec responsabilité & lucidité

Défi sécuritaire : agissons avec responsabilité & lucidité

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Les attentats de janvier et novembre 2015 en France, ainsi que du 22 mars dernier à Bruxelles ont remis la sécurité au centre des préoccupations des Français. En tant que député et maire, élu de longue date, je me tiens particulièrement à l’écoute de mes concitoyens et administrés.

Au plan national, à l’instar du Groupe UDI, j’ai une position responsable mais prudente quant à l’inscription dans la Constitution de l’état d’urgence. De même, en tant qu’élu local, j’adopte une attitude équilibrée et assise sur l’expérience.

Ma mission, en tant qu’élu, est présidée par deux impératifs : d’une part, rassurer mes concitoyens et, d’autre part, ne pas céder à la tentation d’une dérive vers une obsession de la sécurité et de la surveillance. Face à des menaces renouvelées, quelle est la responsabilité d’un élu ?

Au niveau national…

Dès le 16 novembre, soit trois jours après les attentats de Paris et de Saint-Denis, François HOLLANDE annonçait sa volonté d’inscrire l’état d’urgence dans la Constitution. L’UDI, s’exprimant par la voix de son président, Jean-Christophe LAGARDE, a exprimé un avis favorable sur cette orientation voulue par le Président de la République, tout en soumettant un éventuel vote favorable à certaines réserves.

Une modernisation souhaitable

Lors de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation, le 10 février dernier, M. LAGARDE a d’abord souligné les avantages d’une constitutionnalisation de l’état d’urgence. D’une part, cela permet de l’encadrer, afin de défendre les libertés publiques. D’autre part, cela la met à l’abri d’éventuelles questions prioritaires de constitutionnalité (QPC), qui ont été rendues possibles par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008. Autrement dit, il s’agit d’adapter l’état d’urgence, adopté par une simple loi en 1955, sous la IVème République, aux évolutions qui sont intervenues en soixante ans.

Des précautions nécessaires

Néanmoins, le Groupe UDI a tenu à préciser que l’accord de nos députés ne pourrait avoir lieu qu’à certaines conditions. Sur trois points, il nous a semblé qu’un encadrement était nécessaire.

Tout d’abord, il fallait qu’il soit limité dans le temps. Sa prolongation devrait être soumise à un vote tous les quatre mois au Parlement. Ensuite, nous avons insisté pour que l’opposition parlementaire, même minoritaire, puisse, par le biais d’un véritable contrôle parlementaire, remettre en question les moyens extraordinaires donnés par une majorité du moment au gouvernement. Enfin, il était nécessaire de contrôler les possibilités de dissolution de l’Assemblée par le Gouvernement en période d’état d’urgence, à la fois pour le gouvernement actuel mais également pour un gouvernement futur. Nous voulions que, en cas de démission du Gouvernement ou de dissolution de l’Assemblée, l’état d’urgence prenne fin quinze jours après, afin que la campagne législative suivante se déroule dans les meilleures conditions démocratiques possibles.

Après avoir exposé nos réserves, nous nous sommes prononcés pour le projet de loi constitutionnelle dit de « Protection de la Nation ». C’est donc avec regret que nous avons constaté que François HOLLANDE, en privilégiant les intérêts de la gauche au détriment des intérêts des Français, renonçait à cette réforme le 30 mars dernier.

Au niveau local…

Une solide conviction et 36 ans d’expérience en tant que maire m’ont convaincu que seule une action concertée, de longue durée et à vocation pédagogique et préventive est efficace.

À Issy-les-Moulineaux, cela fait de nombreuses années que nous responsabilisons tous les acteurs concernés. Ainsi, depuis 1998, nous avons entamé une collaboration entre la municipalité et ses partenaires autour du triptyque suivant :

  • La citoyenneté comme axe de prévention
  • La proximité comme mode d’intervention
  • Une approche concrète des sujets de tranquillité et de sécurité publique.

Ces principes se traduisent en action par un contrat : le Contrat Local de Sécurité (CLS), premier d’Île-de-France (signé le 31 mars 1998) réunit le Député-Maire, le Préfet, le Procureur de la République, le Directeur Académique des Services de l’Education Nationale, le Conseil départemental et la Caisse d’Allocations Familiales. Tous ces acteurs se rencontrent dans le cadre du Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, créé le 26 novembre 2000, que je préside et qui se réunit au moins deux fois par an en séance plénière et plusieurs fois en comité restreint. Enfin, des instances partenariales opérationnelles complètent, cette ingénierie. À titre d’exemple, citons une cellule de veille éducative, créée en 2003 et animée par la Ville, ou des groupes sur les thèmes « Alternatives à l’incarcération, » ou encore « Violences au sein du couple ». A l’inverse, j’ai fait le choix audacieux de ne pas avoir de police municipale ni de caméra de sécurité.

La réflexion engagée sous mon égide est profonde, réfléchie et pondérée. Elle allie stratégie globale et acteurs de terrain et vise à lutter contre les diverses causes de l’insécurité et de la délinquance. Nous cherchons à responsabiliser tous les membres de la communauté isséenne pour qu’aucun d’entre nous ne se sente ni exclu ni étranger au sort de ses voisins. Les résultats obtenus sont probants. Selon un sondage OpinionWay effectué en 2013, 93% des Isséens trouvent qu’Issy-les-Moulineaux est une ville sûre et agréable à vivre.

Éditorial publié dans Dialogues (n° 88 – Avril 2016)

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