Billet politique : élection européenne : tous perdants !

Billet politique : élection européenne : tous perdants !

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A l’issue de l’élection européenne du dimanche 26 mai 2019, aucun triomphalisme, les résultats ont été amers pour l’ensemble des partis politiques. La faute à une stratégie du « tous perdants » dont la première victime pourrait bien être la construction européenne.

De l’émiettement du paysage politique…

Dans cette élection déterminante pour décider de l’avenir de l’Union européenne, à l’heure où les populismes fleurissent et prônent le retour à un isolement dévastateur, la confusion était totale. 34 listes ont été déposées en France, couvrant l’ensemble du champ politique mais sans offrir de grande cohérence ni de lignes politiques claires aux électeurs.

A gauche, au centre ou à droite, la décomposition et l’atomisation du paysage politique se poursuivent, s’aggravent même, empêchant de vrais projets politiques d’émerger au profit de rivalités individuelles et partisanes terriblement éloignées des enjeux majeurs de notre époque : la conversion écologique, les mutations du capitalisme, la protection sociale, le devenir de la France et de l’Europe dans le concert mondial des nations…

Au final, les partis de gouvernement traditionnels que sont les Républicains et le Parti socialiste sont en déroute, confirmant qu’ils ne sont plus légitimes à incarner les pôles de la droite et de la gauche. Europe Ecologie Les Verts tire malgré tout son épingle du jeu, comme il l’avait fait lors de l’élection européenne de 2009, à la faveur de la prise de conscience générale du défi climatique. Un soubresaut conjoncturel qui n’avait pas ensuite bénéficié aux Ecologistes il y a 10 ans.

… à une bipolarisation caricaturale

De manière prévisible, En Marche et le Rassemblement national arrivent en tête de cette élection, l’un et l’autre sans réaliser le score qu’ils espéraient… La stratégie de bipolarisation savamment entretenue par Emmanuel Macron et Marine Le Pen a fonctionné : alors que cette élection a lieu au scrutin proportionnel à un tour, ils ont voulu former un duo d’adversaires pour encourager le vote utile.

De son côté, En Marche s’est livré à une campagne de communication apocalyptique jouant sur la peur des divisions violentes et, de l’autre, l’extrême droite a voulu faire croire à la possibilité d’une Europe des nationalismes. Deux messages faux et caricaturaux, derrière lesquels aucun projet européen n’était réellement proposé, condamnant la France à être lentement déclassée dans les institutions européennes, faute de vision forte, claire et crédible à défendre.

Personne ne peut donc se féliciter d’un résultat qui pâtît des difficultés des partis politiques français à se réorganiser après le hold up effectué par Emmanuel Macron en 2017. Sa conquête du pouvoir brusque et inattendue, sa gouvernance désordonnée et sa volonté de créer un clivage avec l’extrême droite, empêchent toute évolution constructive.

Jusqu’à quand cette logique du « tous perdants », du chaos opportuniste, pourra-t-elle durer, contre les intérêts du pays et des Français ?

A lire dans le prochain numéro de Dialogues (n°95), le magazine d’André Santini

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