Dans le cadre de la manifestation « Métamorphoses, Issy se (ré)invente », le célèbre photographe Raymond Depardon offrira son regard sur la Ville au cours d’une exposition qui démarrera le 5 décembre prochain au Musée Français de la Carte à Jouer. Rencontre.
La Ville d’Issy-les-Moulineaux a connu une transformation urbaine très significative depuis 1980. L’avez-vous ressenti lors de ces prises de vues ?
Banlieusard seulement depuis 7 ans, précédemment parisien, comme beaucoup de gens, je ne faisais que traverser Issy-les-Moulineaux… Avec ce travail, j’ai pu découvrir la ville et apprécier son dynamisme. Ce qui est flagrant, à la différence de beaucoup d’autres villes de la première couronne parisienne, c’est qu’il y a ici une recherche forte de l’architecture moderne, avec des grands noms, tout en respectant une mixité indispensable entre logements, bureaux et commerces. L’architecture nous permet de se confronter avec notre temps, d’une manière à la fois contemporaine et terre à terre.
Avec cette exposition, vous souhaitez casser l’image négative véhiculée par la banlieue ?
Bien sûr ! Par rapport à Paris, l’avantage ici, c’est l’espace, avec beaucoup moins de contraintes. Je sais pourquoi je suis venu vivre en banlieue : on respire mieux, c’est plus propre, il y a plus de lumière. Comme tous les banlieusards, j’ai dû subir des réflexions « Ah non, moi je ne passe pas le périphérique ! », mais je ne comprends pas. J’ai découvert des gens très attachants, parfois des « vieux » de l’Ile-de-France. La banlieue permet de vivre de manière plus moderne. Cette évolution va demander plusieurs générations. Les gens vivent vraiment bien ici à Issy-les-Moulineaux.
L’exposition s’appelle « Paysages d’architecture – une promenade à Issy par Raymond Depardon » : pouvez-vous la résumer en quelques mots ?
C’est un vagabondage… dans le bon sens du terme ! Une carte blanche, un point de vue… Un vrai point de vue car avec mon appareil sur trépied, je photographie un moment, je ne mitraille pas ! Avec cette exposition, je souhaite qu’Issy reste un laboratoire, une ville toujours à l’avant-garde, notamment dans le domaine de l’aménagement, de l’architecture. C’est en quelque sorte la photographie de notre modernité. Les photos seront en grand format ce qui permettra de s’approcher pour observer les détails, comme sur un tableau. Je suis convaincu qu’on peut penser à l’avenir en photographiant le présent.
Enfin, un mot sur André Santini…
La ville est très marquée par son nom, très identifiée et c’est une bonne chose de pouvoir faire de la politique à long terme. A la différence des autres villes, on sait à Issy qu’on est « chez » Santini ! En dehors de toute considération politique, son bilan ne peut qu’être jugé positivement : il a su attirer des entreprises pour créer un dynamisme mais il a surtout su créer de la vie en pensant avant toute chose au bien-être des habitants
Interview publiée dans le magazine d’André Santini Dialogues (n° 93 – octobre 2018)
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