Conférence : les élus face aux enjeux de la smart mobilité

Conférence : les élus face aux enjeux de la smart mobilité

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Le mardi 16 juin dernier, André SANTINI a participé à une table-ronde sur le rôle des élus face aux enjeux de la smart mobilité dans le cadre de Futur en Seine. Organisée dans les locaux flambant neufs de l’ISEP à Issy-les-Moulineaux, la conférence s’inscrit dans cette nouvelle vague de la révolution numérique, la « smart city », souvent mal traduit en « ville intelligente ».

Elle sera encore plus puissante que les précédentes car elle est au carrefour de trois bouleversements majeurs du début du 21ème siècle :

  • La révolution urbaine (le nombre de citadins aura doublé dans 35 ans),
  • La révolution numérique qui ouvre des perspectives inédites dans tous les domaines (démocratie, transport, énergie, habitat, sécurité),
  • Et le défi climatique qui impose aux villes une autre mutation.

La « smart city » sera une ville soucieuse de son environnement, maîtresse de ses consommations (eau, énergie), dotée de moyens de communication facilitant l’accès des citoyens à l’ensemble des services et capable d’éviter la congestion de ses infrastructures de transport. C’est une autre vision de la ville, plus astucieuse, plus fluide, plus participative, plus collaborative qui est proposée aux citadins de demain.

009Évidemment, pour bâtir une « smart city », il faut un terreau favorable : le soutien à l’innovation numérique mis en œuvre depuis des années, qui a favorisé la diffusion du numérique à l’école, dans le domaine culturel ou économique, permet d’aller plus loin pour améliorer notre efficacité.

Ce n’est pas un hasard si, avant la fin de cette année, Issy-les-Moulineaux sera la première ville de plus de 50 000 habitants entièrement fibrée.

L’agglomération parisienne est l’une des plus congestionnées d’Europe. Certes, Paris se classe derrière Bruxelles, Londres, Anvers ou Milan, autant de villes représentées ici aujourd’hui, mais les Parisiens passent en moyenne 55 heures par an coincés dans les embouteillages, tandis que ceux-ci continuent d’augmenter.

Conscientes de la nécessité de réduire le niveau de particules encombrant l’air citadin tout au long de l’année, de plus en plus de villes développent des politiques de mobilité durable. Elles consistent non seulement à renforcer le réseau des transports en commun, à mettre en place des dispositifs d’auto-partage, à développer les pistes cyclables, mais aussi à rétablir une conduite plus apaisée en ville.

Les collectivités locales ont ainsi fait des efforts très importants, au cours des quinze dernières années, en investissant massivement dans les infrastructures de transports en commun. Le développement des tramways ou encore le projet de construction du Grand Paris Express en sont des illustrations visibles. Les travaux du Grand Paris Express débutent, avec notamment les mises en chantier des deux gares situées à Issy-les-Moulineaux, et de 2022 à 2030, toutes les lignes seront mises progressivement en service. Rappelons que l’ampleur du projet est sans précédent : 200 km de métro, 68 nouvelles gares et 15 000 à 20 000 emplois directs chaque année. A moyen terme, 90 % des Franciliens habiteront à moins de 2 km d’une gare.

Aujourd’hui, plus de 8 millions de voyageurs empruntent chaque jour les transports en commun en Île-de-France, et on enregistre toujours une augmentation du trafic, de + 21 % en dix ans. Parallèlement, nous avons vu apparaître au cours des dernières années des nouveaux services de véhicules partagés (vélos en libre-service, covoiturage, autopartage…).

Cette tendance s’est renforcée avec deux développements majeurs : la libéralisation de la géolocalisation satellitaire GPS et la diffusion généralisée des smartphones qui équipent aujourd’hui la majorité des européens. Quand on sait que plus de la moitié des déplacements en voiture sont inférieurs à 3 kilomètres dans la plupart des métropoles européennes, on comprend qu’il s’agit là d’alternatives qui ont rencontré leur public.

Le numérique facilite ces nouveaux usages. Mais il apporte aussi son lot d’inconvénients, comme l’accroissement des problématiques de fret urbain, avec notamment l’explosion des achats sur Internet et la livraison à domicile de petits paquets. Il apparait aujourd’hui nécessaire de développer des stratégies qui mobilisent d’autres éléments que les seules infrastructures de transport. Parmi ces éléments, les outils de la mobilité numérique, qui permettent des approches innovantes guidées par les usages.

Les projets européens « Open Transport Net » et « ECIM » auxquels participe la ville d’Issy-les-Moulineaux vont contribuer, comme vous l’avez entendu lors des débats, à favoriser le développement d’applications multimodales. Nous sommes convaincus, en effet, que l’accès à une information pertinente et actualisée en temps réel peut modifier le comportement des habitants.

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« L’ouverture des données est une condition nécessaire à l’émergence de nouveaux services de smart mobilité » André SANTINI

L’ouverture des données est, dans ce contexte, une condition nécessaire à l’émergence de nouveaux services, et il faut convaincre les acteurs du secteur, publics comme privés, à nouer des partenariats innovants pour faire émerger ces nouveaux services.

Les collectivités territoriales auront un rôle à jouer. Elles doivent soutenir l’innovation, notamment en accompagnant les expérimentations, comme cela se fait à Issy-les-Moulineaux.

  • Avec Zenbus, grâce au soutien de la Région et de la RATP, les passagers peuvent voir en temps réel sur leur smartphone où se trouve leur bus ;
  • Avec Be Park, nous ouvrons nos parkings aux abonnés d’un service mobile, en commençant par celui d’une école du Fort d’Issy. Cela permettra d’augmenter le nombre de places de stationnement sans investir dans de coûteux parkings d’ouvrage. Le franco-indien Navi RADJOU appelle cela de l’innovation frugale.
  • Et avec Parkeon, les automobilistes utilisent leur smartphone pour rechercher une place disponible en voirie.

En facilitant le stationnement, en offrant une information multimodale en temps réel, en agissant sur le trafic, grâce par exemple à des capteurs vidéos placés sur les feux de signalisation, en soutenant l’auto-partage tout en préparant l’arrivée des véhicules électriques, nous pourrons améliorer la situation.

Les collectivités devront enfin garantir la neutralité des plateformes techniques qui recueilleront les données collectées depuis les nombreuses sources existantes ou à venir. Cette plateforme devra également être ouverte pour que de nouveaux services puissent naitre de l’imagination d’entrepreneurs, de développeurs, de grandes entreprises ou de start-up. Nous sommes à l’aube de bouleversements qui vont profondément modifier la manière dont nous nous déplaçons en Ville.

A l’heure où la voiture se réinvente, avec la perspective étourdissante des véhicules sans chauffeur, où les modes de déplacements alternatifs se multiplient et où les transports en commun se modernisent, le secteur public doit favoriser plus encore le développement de l’innovation et des modèles économiques pérennes, en coopération avec les acteurs privés.

Nous n’avons pas la prétention de croire que nous allons régler les problèmes de circulation et de déplacement à partir de la seule ville d’Issy-les-Moulineaux. Mais si nous pouvons contribuer, par nos expérimentations, nos débats et nos échanges avec les nombreux acteurs qui sont concentrés sur notre territoire, à faire avancer les choses, alors, nous aurons montré l’exemple.  

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