Pour Dialogues, le nouveau président de l’UDI Jean-Christophe LAGARDE, nous expose son ambition pour un Centre fort et indépendant.
- En tant que nouveau président, quelle est votre ambition pour l’UDI et quelles premières mesures concrètes souhaitez-vous mettre en place ?
Jean-Christophe LAGARDE : L’éclatement de la famille politique centriste a duré près de 15 ans, les membres de l’ancienne UDF se sont éparpillés un peu partout, ce qui nous a rendus inaudible pour beaucoup de Français. L’UDI est un jeune parti, un nouveau visage dans la vie politique française. Pour que nous soyons capables d’aller au combat au même titre que le PS ou l’UMP, le parti doit davantage se structurer et se fixer des objectifs ambitieux.
Pour devenir le premier parti de France, nous devons mettre en place un véritable parti ambitieux et populaire, mieux organisé, avec des militants formés, des élus locaux et des cadres écoutés. En 2014, après avoir conquis le pouvoir dans de nombreuses communes lors des élections municipales, et fait un excellent score aux européennes, la prochaine étape sera d’entrer au pouvoir dans les départements et dans les régions à l’occasion des échéances électorales de l’année 2015.
Enfin, une fois cette étape franchie, notre objectif sera que notre candidat de l’UDI atteigne le second tour des élections présidentielles en 2017.
- Quelle place comptez-vous donner aux adhérents directs du parti ?
J.-C. L. : Autour de Jean-Louis BORLOO, nous sommes parvenus à réunir des mouvements issus de racines philosophiques (radicale, libérale, démocrate-chrétienne ou encore démocrate-sociale) qui appartiennent à l’histoire de notre famille, qui s’étaient divisés et qui rivalisaient depuis des années bien que portant les mêmes valeurs humanistes et fédéralistes. Ce rassemblement a réussi à tel point que des milliers d’adhérents, qui n’appartenaient pas à ces mouvements, sont venus nous rejoindre et nous renforcer avec l’envie de faire de l’UDI une force politique majeure, capable de gouverner la France et de tracer un chemin d’espoir pour nos concitoyens.
Or, je souhaite que nous sortions de cette logique en prenant plus en compte la valeur, les qualités et le potentiel des candidats à des fonctions internes ou des élections externes, plutôt que leur origine partisane.
C’est dans cette optique que je me suis engagé à quitter le parti (la FED – Force européenne démocrate) que je présidais et que j’ai moi-même créé il y a deux ans, en devenant aujourd’hui un adhérent direct de l’UDI comme je m’y étais engagé durant la campagne. Ce fut une décision nécessaire à mes yeux car le président de l’UDI doit être en même temps le garant du contrat entre les formations membres mais aussi, et surtout, le Président des adhérents directs dont personne ne s’est vraiment occupé jusqu’alors. Cela signifie que je veillerai personnellement à ce que des adhérents directs soient notamment présents et formés dans toutes les instances locales et départementales de l’UDI lors d’un prochain renouvellement.
Vous le savez, je souhaite que l’ambition collective, la dynamique lancée autour de Jean-Louis BORLOO puisse se poursuivre et nous conduise un jour à diriger notre pays.
- Les Français souhaitent plus que jamais un renouvellement politique : quelle place auront les jeunes dans la future organisation de l’UDI ?
J.-C. L. : La question du rôle et de la place de la jeunesse dans notre mouvement est une condition essentielle de la réussite future de l’UDI. Entre 1998 et 2001, j’ai eu la chance d’être le président national du mouvement des Jeunes UDF qui comptait près de 15 000 adhérents. Puisque notre ambition première est de devenir un parti de conquérants, il est important que les jeunes puissent prendre toute leur place dans cette aventure commune en s’implantant sur l’ensemble du territoire, dans chaque ville, dans chaque village afin d’écrire une nouvelle France. De même, je souhaite que les Jeunes UDI puissent être mieux formés. La politique est un réseau où l’on créé des idées ensemble et où l’on se donne les moyens de conquérir les responsabilités pour pouvoir ensuite mettre ses idées en œuvre.
- L’UMP est un allié naturel de l’UDI. Comment trouver le juste milieu entre alliance et indépendance ?
J.-C. L. : Le système binaire de la Vème République et son corollaire l’élection présidentielle, nous impose trop souvent de faire un choix lorsque nous ne sommes pas qualifiés pour le second tour. Or, je ne souhaite plus que les centristes soient ceux qui accompagnent ceux qui décident. C’est hélas la vision traditionnelle du centre qui depuis 33 ans se contente d’accompagner l’UMP. Si les centristes qui ont participé à certains gouvernements ont porté des idées dans les ministères, nous ne construisons jamais ce que nous voulons pour la France Il faut que l’UDI exerce lui-même ses responsabilités et cesse de faire la politique des autres. En ce sens, je ne suis pas pour que le centre reste le porte-valise de l’UMP. Je souhaite prouver aux Français que l’UDI est un centre conquérant et que, mieux structurer le parti peut se lancer dans la conquête électorale.
- Pourquoi les Centristes n’arrivent-ils pas à être audibles malgré de bonnes opinions dans les sondages ?
J.-C. L. : Le manque de crédibilité vient de ce que l’on nous caricature comme étant mous, hésitants, indécis. Il faut dire que parfois nous nous caricaturons nous-mêmes. Nous devons apparaître comme une alternative en montrant que nous avons l’ambition de conquérir le pouvoir pour gouverner et d’être capables de donner notre propre lecture de la société française. La Droite est l’idéologie qui se revendique de la liberté. La Gauche se prétend elle de l’égalité. Nous devons être la force politique de la fraternité et de la laïcité chère à Jean-Louis BORLOO. À nous de susciter de l’adhésion en assumant ce que nous sommes afin de répondre à ceux qui ne nous voient que comme un entre-deux. C’est là un des nombreux objectifs que je me suis fixé pour ma présidence.
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