Les nouvelles technologies sont à vivre au quotidien. Cette idée compose l’ADN de la commune d’Issy-les-Moulineaux, devenue en quelques années l’une des villes les plus connectées de France. On y compte notamment 95 % de foyers reliés à Internet, contre 82 % pour la moyenne nationale. Une force qui permet au maire, André Santini (UDI), de rendre sa commune toujours plus attractive pour les habitants et les grandes entreprises.
Quel intérêt une ville a-t-elle à investir dans le numérique ?
J’ai lancé la ville dans les nouvelles technologies dans les années 1990. A cette époque, nous étions les seuls. Mais il faut toujours être en avance. Cela nous a permis d’améliorer la qualité de vie des habitants et de donner un message positif aux investisseurs et aux grandes entreprises du secteur, qui voient désormais Issy comme un laboratoire.
Est-ce pour cela qu’Aldebaran, société implantée à Issy, reste dans la ville malgré le rachat par des Japonais ?
En effet. J’ai d’ailleurs reçu son nouveau président, Fumihide Tomizawa, en avril dernier. La ville est très liée aux nouvelles technologies et compte 35 000 emplois dans ce secteur, dans les sièges de Microsoft Europe, de Cisco Systems ou encore dans la division R&D d’Orange.
Comment cela se traduit-il dans le quotidien des habitants ?
Cela passe notamment par la domotique que nous avons mise en place dans les nouveaux logements du Fort d’Issy, une ancienne forteresse qui accueille aujourd’hui 1 600 habitations. On peut ainsi, grâce à un écran tactile à l’entrée de chaque appartement, programmer la fermeture automatique des volets ou le lancement du chauffage à la tombée de la nuit, par exemple. Le tout peut aussi être synchronisé à un smartphone pour le contrôle à distance.
Cela permet-il aussi de réduire l’impact écologique de la ville ?
En effet, car dans ce quartier les habitants sont sensibilisés et responsabilisés. Chacun peut être informé de sa consommation en temps réel (énergie et coût) et agir en conséquence. Par ailleurs, nous avons fait travailler des start-up sur le transfert d’énergie. Ce qui n’est pas consommé par le quartier d’affaires Seine Ouest est alors réutilisé par les logements du Fort d’Issy.
Vous voulez également faire d’Issy une ville à la pointe de la « smart mobility »…
Nous participons actuellement à deux projets européens : Open Transport Net et Ecim, qui utilisent les données pour créer des services autour des transports ou pour aider aux déplacements. Mais il y a aussi ZenBus et la participation de la ville aux applications Pay By Phone et Path to Park en matière de stationnement. Nous allons d’ailleurs accueillir une conférence dédiée à la la mobilité intelligente, le 16 juin dans les locaux isséens de l’Institut supérieur d’électronique de Paris (Isep).
Un robot a récemment intégré une maison de retraite de la ville. Dans quel but ?
Nous avons constaté que dans certains cas, le robot Nao (mis au point par la société Aldebaran Robotics, basée à Issy) fait moins peur qu’une personne. Il intrigue. Il lance des conversations, fait faire des exercices physiques… C’est un vrai succès et nous allons en prêter à tous les établissements dédiés aux seniors de la ville.
Peut-on aller plus loin dans l’utilisation des robots ?
On peut penser à terme à une utilisation à l’hôpital, encore une fois pour alléger le travail des aides-soignants. Je pense à l’assistance à la toilette par exemple, pour préserver l’intimité des personnes, ou à la surveillance des patients. Cela pourrait être utile en cas d’accident, de chute, car on ne peut pas mettre une personne derrière chaque malade. Mais attention, les robots n’auront jamais vocation à remplacer le personnel. Mais ils peuvent les délester de certaines tâches simples.
Interview extraite du quotidien gratuit Direct-Matin, édition nationale – Mercredi 20 mai 2015.
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